Homélie du dimanche 27 avril

Dimanche de la Divine Miséricorde
Tous les textes de cette messe résonnent de la joyeuse proclamation de foi exprimée par Thomas aussi bien que celle de l’apôtre Jean et de toute l’Eglise naissante. Thomas a dit en reconnaissant Jésus ressuscité : « mon Seigneur et mon Dieu » ; Jean reconnaît avec enthousiasme que c’est l’Esprit qui dans le cœur de Thomas comme dans celui de chacun a rendu témoignage et nous donne la lumière pour croire : car l’Esprit est la vérité. C’est grâce encore à Lui que chacun est né de Dieu dès lors qu’il croit que Jésus est le Christ. 
Il est loin maintenant ce moment où la peur enfermait les disciples dans le cénacle, dans leur découragement ou leurs doutes : Jésus est venu franchir non seulement la porte derrière laquelle ils se tenaient, mais aussi celle où leur foi d’hier semblait aujourd’hui emmurée, comme par la pierre du tombeau ; c’est du « centre », du cœur de ce qu’ils sont, que se fait l’ouverture ; et c’est de ce centre que Jésus, avec la force de l’Esprit va les pousser ensuite vers l’extérieur, et nous avec eux ! 
La parole de Jésus, inaugurant les temps nouveau est décisive. La Paix soit avec vous ! Nous voyons bien que pour les disciples, comme pour nous, la paix, la foi et finalement la respiration de la Vie arrivent dès que le Christ se fait présent à tous et à chacun, dans la découverte de la réalité et du sens des plaies de la Croix. A travers sa propre expérience de crucifié, le Seigneur nous met en face de nos propres questions sur la vie et sur la mort : c’est là que vient nous rejoindre sa miséricorde : Il est venu se mettre à notre place pour partager nos souffrances et les détresses issues du péché, pour nous libérer même de la détresse ultime de la mort. 
Jésus s’est manifesté à chacun selon ce qu’il était : Il s’est laissé voir différemment à Jean dans le tombeau vide et à Marie Madeleine dans le jardin. Il s’est montré aux disciples rassemblés et à Thomas dans l’épreuve de ses doutes. Dans un premier temps, tous les témoins de la résurrection, ont semblé ne rien comprendre des premières paroles de Jésus annonçant le bouleversement de leur vie : la paix soit avec vous. Thomas est, en réalité, le premier à avoir tiré toutes les conséquences de cette petite phrase. C’est lui en effet qui, s’inclinant devant Jésus, a osé faire cette profession de foi mon Seigneur et mon Dieu ! L’Esprit Saint a donné à Thomas de « voir » encore mieux que ses frères, dans l’eau et le sang jaillis hier du côté de Jésus, dans ses plaies et son côté ouvert… toute la miséricorde que le Christ répandrait désormais sur lui et sur toute l’humanité. Ses yeux se sont ouverts, et il a compris que se réalisait en Jésus la parole du prophète Isaïe : Lui, il a été transpercé par nos crimes, dans ses blessures nous trouvons la guérison. 
Cette expérience des disciples, nous sommes invités à la faire à chaque fois que nous participons à l’Eucharistie. Nous pouvons toucher du doigt le Christ dans la miséricorde qu’Il nous manifeste alors. Celui qui croit au Christ le touche, disait saint Augustin. Le Christ nous dit encore aujourd’hui : « la paix soit avec vous ». Nous sommes appelés à transmettre la paix du Christ non seulement entre nous mais à notre monde tourmenté. N’oublions pas que depuis le premier jour de la Résurrection l’humanité est vraiment entrée - avec le Christ, par lui et en lui - dans le temps de la miséricorde : soyons-en les relais et non les obstacles. 
Le Seigneur nous pousse à l’extérieur, comme une mère pousse son enfant à sortir pour entrer dans la vie. Avec l’Eglise nous sommes envoyés, au-delà de nos fausses certitudes comme de nos peurs ; envoyés au service de la Vie, porteurs de cette paix qui est le cadeau de Dieu et de son Eglise à l’humanité. 
Jésus a confié à ses disciples cette mission étonnante : Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ». Le pardon que nous avons à transmettre est une paix qui vient de Dieu lui-même et, comme le dira St Paul, elle dépasse tout ce que notre sensibilité ou nos attentes auraient pu imaginer. Oui, que le monde entende le Christ lui dire à travers nous : « la paix soit avec vous ».
Nous sommes envoyés pour rendre notre environnement plus fraternel, plus humain, plus chaleureux, et pour « enlever le péché du monde », c’est-à-dire nous réconcilier avec Dieu et nous réconcilier les uns avec les autres.
Quelle beau mandat que cette mission de Pâques, mais combien difficile dans un monde qui ne croit ni à la paix, ni à la réconciliation.
Le Christ nous invite aujourd’hui à créer avec lui un monde nouveau, un monde de paix, de fraternité et d’amour.
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ».

13 mai 2025