Homélie du 12 janvier

“TOI, TU ES MON FILS BIEN-AIMÉ »

La liturgie de ce jour célèbre le Baptême de Jésus. Il évoque le moment où Jésus, oint du Saint-Esprit et présenté aux hommes comme le « Fils bien-aimé » de Dieu, a embrassé la mission que le Père lui a confiée : recréer le monde, donner naissance à un Homme Nouveau. Et il propose que nous tous qui avons été baptisés en Christ, tirions de ce fait les conséquences nécessaires.

Dans la première lecture, cet émouvant passage du livre d’Isaïe, qui retenti au plus profond du cœur angoissé de notre humanité, Dieu se révèle comme le berger plein de tendresse pour les plus faibles. Nous avons tous besoin d’être consolés, pardonnés par ce Dieu dont l’amour se montre indéfectible malgré nos éloignements et nos infidélités.

Dans l’Évangile, nous voyons s’accomplir la promesse prophétique de la première lecture : Jésus est le Fils/« Serviteur » envoyé par le Père, sur qui repose l’Esprit et dont la mission est de réaliser la libération des hommes. Obéissant au Père, il s’est fait personne, s’est identifié aux faiblesses des hommes, a marché à leurs côtés, pour les promouvoir et les conduire à la Vie en plénitude.

Cette passage de l’Évangile nous emmène dans la vallée du Jourdain, aux confins du désert de Juda, et nous présente deux images. Dans la première, le personnage central est Jean, qui annonce l’arrivée imminente de « celui qui doit venir » ; dans la seconde, le personnage central est Jésus, baptisé et oint de l’Esprit.

Dans une Palestine en pleine effervescence messianique, la figure et l’activité de Jean donnent lieu à des conjectures sur son éventuel messianisme. Jean sera ce « oint de Dieu » (« Mashiah », le « Messie »), dont la mission est de libérer Israël de la domination étrangère et d’assurer une vie en abondance et une paix sans fin au Peuple de Dieu.

Jean n’a aucune attente messianique concernant sa personne ; mais il prévient ceux qui le rencontrent que quelqu’un de « plus fort » est sur le point d’arriver, pour qui Jean lui-même n’est pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. « Dénouer la courroie des sandales » était la tâche des esclaves. Jean dit aussi que ce « plus fort » « baptisera d’Esprit et de feu ». Il purifiera Israël de ses péchés, le libérera de l’oppression et du mal, et inaugurera une nouvelle époque de bonheur et de vie abondante.

Vient ensuite l’image du baptême de Jésus. L’Évangile nous dit que « lorsque tout le peuple eut reçu le baptême, Jésus fut aussi baptisé ». Jésus apparaît ainsi, mêlé à la foule qui reçoit ce baptême de conversion pour la rémission des péchés proposé par Jean. Pourquoi Jésus avait-il besoin de ce baptême purificateur ? À cause de ses péchés ? Bien sûr que non. Mais, en entrant dans l’eau avec tous ceux qui ont demandé le baptême de Jean, Jésus se place du côté des pécheurs et affirme sa solidarité – celle de Dieu – avec tous les hommes et toutes les femmes que le péché implique et marque. Jésus est venu se tenir aux côtés de l’homme pécheur, lui tenir la main, l’aider à sortir de sa triste situation et à atteindre une nouvelle vie. Ce geste de solidarité de Dieu avec l’humanité pécheresse est beau et émouvant.

Après ce moment-là, les choses sont bien définies. Jésus, baptisé dans l’Esprit, oint de la force de Dieu, habilité à accomplir le projet du Père, partira à la rencontre du monde pour mener à bien la mission de construire le royaume de Dieu.

La deuxième lecture réaffirme que Jésus est le Fils bien-aimé que le Père a envoyé dans le monde pour réaliser un projet de salut en faveur des hommes ; C’est pourquoi Il « a parcouru le monde en faisant le bien » et en libérant tous ceux qui étaient opprimés. C’est le témoignage que les disciples doivent donner, pour que le salut que Dieu offre parvienne à tous les peuples de la terre.

Et nous, que faisons-nous de notre propre baptême ? Que nous apporte concrètement la grâce de notre baptême ? En avons-nous simplement conscience ? Mes frères et sœurs maltraités par la vie et par les hommes peuvent-ils compter sur mon engagement pour leur apporter la caresse du Dieu qui guérit et donne la Vie ?

13 janvier 2025