« Moi non plus, je ne te condamne pas… »
L’évangile d’aujourd’hui nous montre que seul l’amour peut transformer la vie d’une personne. C’est pourquoi l’amour est le cœur de la Sainte Écriture. « Tu aimeras ! ».
Beaucoup de gens pensent que c’est avec de l’agressivité, avec des cris ou avec de mauvais mots, que l’on corrige une personne. Illusion ! Il est dangereux de penser que nous pouvons changer une personne à notre façon. C’est dangereux quand nous pensons avoir atteint un certain degré de sainteté et que nous pouvons être un modèle pour les autres, en voulant qu’ils soient à notre image et à notre ressemblance. C’est dangereux quand on pense avoir une supériorité morale sur les autres. C’est une illusion de penser que nous avons du pouvoir sur quelqu’un, que nous pouvons faire tout ce que nous voulons avec la vie de cette personne. Lorsque nous mûrissons et que nous grandissons spirituellement, nous voyons que personne ne possède personne. En fait, personne ne change personne, personne n’a de pouvoir sur quiconque. C’est l’Esprit de Dieu qui conduit la personne et il agit comme il veut et quand il le veut. Nous ne serons que des instruments de Dieu si nous agissons à la manière de l’Esprit, avec amour
Que savons-nous de cette femme dont nous parle l’évangile de ce jour ? Rien. Est-elle jeune, quel est son nom, son visage ? Rien. Tout ce que nous savons d’elle, c’est qu’elle a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Elle est le type même de la « femme-objet ». Objet de convoitise, puis de mépris, elle devient prétexte d’une méchante querelle entre pharisiens et Jésus. Elle est comme morte déjà. On ne lui parle pas : tout se passe par-dessus son dos.
Dépités du succès de Jésus, les pharisiens utilisent cette malheureuse pour le coincer. Ils la lui amènent et l’invitent à se prononcer sur son cas : « Dans la Loi, Moïse nous a commandé de lapider celles-là. Toi donc, que dis-tu ? ».
La réponse de Jésus se fait d’abord silence. Baissé vers la terre, il évite les yeux injectés de sang de ces hommes surexcités. Courbé sur le sable, il attend que se calme la meute. Il dédramatise la scène. Lorsqu’enfin le tumulte s’apaise, il se redresse : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ». Tous sont partis ; tous, sauf la femme. Et lui. « Ils ne restaient plus que deux, la pécheresse et le sauveur, la malade et le médecin, la misère et la miséricorde », écrit saint Augustin.
La femme aurait pu s’enfuir, mais elle est restée là. Très doucement, Jésus lui parle : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » - « Pas un, Seigneur. » - Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas… » Si les hommes, au cœur dur, toujours sur le point d’entrer dans la spirale de la violence, ne t’ont pas condamnée, comment le cœur infiniment miséricordieux de Celui qui est sans péché, pourrait-il t’accuser ? « Va, désormais ne pèche plus ». C’est un mot d’une infinie tendresse, une parole qui met debout, une résurrection.
« Voici que je fais un monde nouveau », disait Isaïe. Cette bonne nouvelle nous concerne tous aujourd’hui : dans ce monde qui est le nôtre, beaucoup vivent dans la désespérance. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés. Notre mission, c’est d’y révéler la Source d’eau vive, celle qui fait fleurir tous les déserts, ceux de nos familles, ceux de notre vie et ceux de notre monde. Cette source c’est celle de l’amour inépuisable de l’amour qui est en Dieu. C’est auprès de lui que nous sommes invités à puiser chaque jour.
Saint Paul nous dit : « Oubliant ce qui est en arrière, tendu vers l’avenir, je cours vers le but ». Puisez à la Source de Celui qui est l’Amour… Soyez les témoins et les messagers de sa miséricorde dans le monde d’aujourd’hui. Si nous voulons que ce carême soit vraiment libérateur, il n’y a qu’un seul commandement : aimer comme Jésus aime.
homélie du 6 avril

10 avril 2025