SOYEZ SANS CRAINTE ET VIGILANTS
Nous devons continuellement redécouvrir notre place et notre rôle dans le projet de Dieu pour nous et pour le monde. La Parole de Dieu présentée dans la liturgie de ce dimanche nous le rappelle. Elle nous dit que vivre les bras croisés, dans le confort et la résignation, est un gâchis. Dieu a besoin de nous, Dieu compte sur nous ; il nous veut éveillés, attentifs, engagés à construire un monde plus juste, plus humain et plus heureux.
Dans la première lecture, un « sage » d’Israël évoque la nuit où Dieu a libéré les Hébreux de l’esclavage en Égypte. Pour les Égyptiens, ce fut une nuit de désolation et de mort ; pour les Hébreux, ce fut une nuit de libération et de gloire. Les Hébreux ont compris cette nuit-là que marcher avec Dieu et suivre les directives qu’il laisse est une source permanente de vie et de liberté. C’est dans cette direction que le « sage » nous invite à construire notre vie.
Dans l’Évangile, Jésus rappelle à ses disciples qu’ils ont été choisis pour apporter au monde le projet du Royaume de Dieu. Ils doivent donc vivre au service du Royaume. En ce sens, ils doivent être toujours attentifs et vigilants, accomplissant à chaque instant les tâches que Dieu leur confie, servant le Royaume avec humilité et simplicité.
Jésus utilise des images faciles à comprendre et à mémoriser : le symbole des lampes allumées, qui parle bien aux auditeurs de son époque où les maisons ne disposent pas de l’électricité, peut être encore aujourd’hui très évocateur. Surtout si l’on comprend que la lampe dont il s’agit est une métaphore du cœur.
Le cœur vigilant est comme une lampe intérieure, qui éclaire nos ténèbres et nous libère de la peur, et qui en nous réchauffant réchauffe nos frères. Le cœur vigilant n’est pas pris à l’improviste par l’arrivée inopinée du Maitre, il est trouvé en train de veiller, même s’il dort d’un sommeil juste et réparateur. Le cœur vigilant s’appuie sur la foi, sur la confiance en Dieu, et sur la prière.
Heureux ceux que Dieu trouvera en cet état, parce qu’alors c’est lui qui se lèvera pour servir ses serviteurs ! Avons-nous conscience de l’absolue humilité de Dieu qui prendra notre tenue de service, nous fera passer à table et nous servira chacun à notre tour ? Au regard de cette éternité de bonheur, de cette incroyable proximité avec le Créateur de toutes choses, il vaut la peine d’allumer notre lampe et de la garder allumé.
Dans la deuxième lecture, un « catéchiste » chrétien anonyme présente Abraham et Sarah comme des modèles de foi. Ils ont fait une confiance inconditionnelle à Dieu et n’ont pas hésité à cheminer vers les bénédictions promises. Ce « pari » a porté ses fruits : en surmontant les limites et l’impermanence de la vie présente, ils ont pu atteindre les bénédictions éternelles.
Sur le chemin de notre vie, nous faisons l’expérience de la précarité, de la faiblesse et de l’incertitude à chaque instant. Nous faisons confiance aux gens, et ils nous déçoivent ; nous nous appuyons sur les institutions, et ces institutions déçoivent nos attentes ; nous nous sentons en sécurité dans l’abondance des biens matériels, et ils nous glissent entre les mains comme du sable ; nous croyons en des vérités qui s’éteignent rapidement ; nous nous sentons pleins de vie et de santé, et d’un moment à l’autre, nous tombons malades ou devons affronter la mort… Existe-t-il une réalité fiable dans nos vies, une réalité qui ne nous déçoit pas et sur laquelle nous pouvons construire une vie pleine de sens ? Abraham et Sarah ont fait une confiance inconditionnelle à Dieu. Ils ont tout risqué pour suivre sa direction. Dieu leur a toujours semblé « digne de confiance », même lorsque ses promesses semblaient « improbables ». Dieu est-il digne de confiance pour nous ? Sommes-nous prêts à « prendre le chemin » pour suivre sa direction, même si cela implique de quitter notre zone de confort, d’affronter les difficultés de la route ou l’hostilité des hommes ?