LA CROIX GLORIEUSE
Le jour où nous nous réunissons pour commencer la nouvelle année pastorale coïncide avec la fête de la Croix glorieuse. Une coïncidence tout à fait appropriée. Autour de la Croix du Christ, nous apprenons la grande leçon d’humilité et recevons la force de poursuivre notre chemin de foi en Dieu qui « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » pour sauver le monde.
La première lecture nous raconte une histoire de l’errance des Israélites dans le désert. La traversée du désert par les esclaves hébreux libérés d’Égypte fut marquée par de nombreuses difficultés et dura longtemps. Certaines d’entre elles sont restées particulièrement gravées dans la mémoire collective. À la fatigue du voyage et aux attaques ennemies s’ajoutaient la faim, la soif et même la peur des serpents venimeux qui rôdaient dans le terrain rocailleux du Sinaï et mordaient parfois les voyageurs. » Le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse ».
Dieu propose de corriger la tendance d’Israël au murmure et à l’ingratitude ; mais, réalisant que le « remède » pouvait « tuer les malades », il élabore une stratégie de salut. Le serpent de bronze dressé sur une perche, par lequel Dieu guérit son peuple, symbolise son amour et sa bonté ; et est, d’autre part, un symbole de cette puissance salvifique qui, quelques siècles plus tard, jaillira de la croix du Christ, l’homme élevé pour donner la vie au monde entier.
Dans l’Évangile, Jésus, en conversation avec Nicodème, lui révèle le sens et la portée de sa présence parmi les hommes : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Nicodème est un pharisien bien intentionné en quête de lumière. Il va trouver Jésus une nuit, car il pressent que Jésus est un homme de Dieu. Il croit que Jésus peut le guider vers la lumière, vers la vraie vie, vers le « salut ». C’est pourquoi Nicodème s’intéresse personnellement à comprendre le dessein de Jésus, à approfondir son mystère. Il est un chercheur de la lumière, du sens de sa vie.
Jésus lui explique le dessein que le Père lui a confié… Il est « descendu du ciel », sur ordre de Dieu, pour aller à la rencontre des hommes et leur montrer les chemins qui mènent à la vraie vie. Derrière cette initiative de Dieu se cache l’amour infini qu’il éprouve pour ses enfants qui errent sur la terre. Jésus dira à l’humanité – par sa vie, par ses paroles, par ses gestes – que Dieu l’aime d’un amour sans pareil ; et il l’invitera à accueillir cet amour et à se laisser guider par lui. Le jour viendra où Jésus, dans l’exercice de sa mission, affrontera les mécanismes d’injustice et de mort qui détruisent la vie, qui engendrent malheur et souffrance ; le jour viendra où Jésus offrira sa vie à l’extrême, jusqu’au don total de lui-même, pour faire advenir un monde nouveau. Jésus sera arrêté, condamné et élevé sur la croix à la vue de tous à Jérusalem, à cause de son action et de son témoignage ; et tous ceux qui passeront par le lieu de son exécution pourront contempler, en cet homme qui a donné sa vie pour sauver ses frères et sœurs, l’incommensurable grandeur de l’amour de Dieu. Ceux qui regardent le Crucifié, qui apprennent la leçon de l’amour et commencent à vivre dans l’amour, auront la vie éternelle. Ils seront des personnes renouvelées, libérées de l’égoïsme, de la violence, de l’autosuffisance, du mensonge et du mal ; Ils seront des hommes et des femmes nouveaux qui, à l’exemple de Jésus, choisiront de vivre dans l’amour. L’amour est toujours source de vie nouvelle. Ceux que l’amour transforme sont destinés à la pleine communion avec Dieu.
Dans la deuxième lecture, Paul présente aux croyants de Philippes son interprétation de l’incarnation du Christ. Jésus, le Fils de Dieu, s’est dépouillé de sa dignité divine et est venu à la rencontre de l’humanité, revêtu de notre nature fragile. Il a choisi la voie de l’obéissance au Père et du service à l’humanité, allant jusqu’au don de sa vie. La croix est l’expression ultime de ce chemin et de ce choix. Paul demande aux Philippiens, et aux « disciples » de tous les temps et de tous les lieux, d’accepter de suivre le même chemin que Jésus.
C’est dans cet esprit que nous entamons la nouvelle année pastorale.
Homélie du dimanche 14 septembre

6 octobre 2025