Homélie du 30 mars

LA FÊTE SUR LE CHEMIN DE CEUX QUI RETOURNENT
Une fois, une catéchiste, après avoir lu ce passage du fils prodigue à ses étudiants en catéchèse, a demandé à chacun d’écrire cette histoire avec ses propres mots. Un enfant a écrit : « Il y avait un père qui avait deux fils. Le plus jeune, très rebelle, a demandé au père son héritage et est parti à l’étranger. » Après avoir dépensé tout son argent, il a commencé à mourir de faim. Il a décidé de retourner chez son père et quand il est rentré chez lui, son père lui a dit : « Ah ! Tu es déjà revenu ? » Et le père prit un fouet et le fouetta et, puis, il dit aux serviteurs :« Maintenant, on peut faire la fête ! »
Nous aussi, comme cet enfant, nous pouvons avoir une image d’un Dieu méchant, pervers, punisseur qui ne cesse de hanter nos consciences. Jésus nous invite d’abord à corriger notre image de Dieu. Il veut nous dire qui est Dieu. Il n’est pas un Dieu qui nous empêche de vivre. Il n’est pas un Dieu méchant qui ne cesse de hanter nos consciences, ni un Dieu comptable. Jésus est venu tourner la page sur l’image que nous nous faisons de Dieu. Le Dieu de Jésus n’est qu’Amour sans limite, qu’incroyable générosité !
Cette parabole du fils prodigue, nous la connaissons bien parce que nous l’avons entendue souvent. Elle nous parle de Dieu et de nous. Elle nous dit que c’est ainsi que Dieu agit avec nous ; il nous laisse libres. En nous créant, il nous a fait le don de la liberté. C’est à nous d’en faire un bon usage.
Même quand nous nous éloignons de lui, quand nous courons à notre perte, Dieu nous porte toujours dans son cœur ; il attend notre retour confiant. Il est comme ce père qui scrute la route dans l’espoir de voir revenir son enfant. Et un jour, il le voit apparaître ; il est tout ému en le voyant, il court à sa rencontre, il le serre dans ses bras et l’embrasse. Malgré les nombreuses bêtises de ce fils, son père est très heureux de l’accueillir.
Mais dans l’Évangile de ce jour, il y a un problème : le fils aîné rejette son frère au lieu de l’accueillir. Au premier abord, il a raison : ce frère a gravement fauté ; il a déshonoré sa famille ; il doit assumer les conséquences de ses actes. Ce fils aîné se considère comme juste et irréprochable. Mais il oublie que son orgueil le coupe de l’amour de son père. Nous ne pouvons pas accueillir Dieu si nous ne sommes pas fraternels avec ceux et celles qui nous entourent.
Aujourd’hui il y aussi beaucoup de “fils prodigues”. Les nombreux départs nous font souffrir profondément. Nos communautés vieillissent, nos églises se vident et les jeunes générations ne transmettent plus la foi chrétienne à leurs enfants. Souvent, les parents disent : « Qu’est-ce que nous avons fait dans l’éducation de nos enfants pour qu’ils arrivent là où ils sont maintenant ? Ils ne croient plus en Dieu et placent toute leur confiance dans leur carrière, leur science, leur succès professionnel, leur gain en bourse. Ils veulent extraire le plus de jouissance possible de la vie maintenant, car pour eux la mort est la fin de tout. Ils semblent oublier qu’il y a une différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie ! »
Il y a aussi, aujourd’hui, beaucoup de “fils ainés”. Le fils ainé représente bien les pharisiens qui pratiquent scrupuleusement une religion sans joie et de manière intéressée (ils veulent avoir droit à la récompense éternelle). Ils jugent et dénoncent les péchés de leurs frères. Dieu est pour eux le comptable minutieux de leurs bonnes actions. Ils en oublient de l’aimer…
Frères et sœurs, nous sommes tous des « fils prodigues » et des « fils aînés ». Comme le père de la parabole, Dieu n’a que ces deux types d’enfants : imparfaits et pécheurs. Mais tout le monde est aimé de Lui et tout le monde a le droit de participer à sa fête. 
La première lecture nous dit la joie du peuple d’Israël qui a été libéré de l’esclavage d’Égypte. Après une longue traversée du désert, il entre dans la Terre promise. Cette entrée donne lieu à une grande fête. Ce texte du livre de Josué nous révèle un Dieu libérateur et sauveur. Il veut que nous soyons libres et heureux. 
Ce bonheur auquel nous sommes tous appelés passe par la réconciliation. C’est saint Paul qui nous le rappelle dans la 2e lecture : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu. » C’est le monde entier qui a besoin d’être réconcilié. Mais Dieu ne nous a pas abandonnés : il a pris l’initiative d’envoyer son Fils pour « chercher et sauver ceux qui étaient perdus ». Si nous prenons le temps de l’accueillir, ce sera la joie retrouvée. Alors oui, réconcilions-nous avec Dieu et avec nos frères et sœurs.

10 avril 2025