« Ne vous laissez pas dominer par l’angoisse et par la terreur. »
L’année liturgique touche à sa fin. C’est le moment que choisit l’Eglise pour relire les textes de l’Evangile qui évoquent la fin du monde. Jésus nous propose une manière de lire les signes des temps, aux moments où l’histoire connaît de grandes crises.
Les médias nous parlent sans arrêt des malheurs du monde : le terrorisme, les inondations, les tremblements de terre, les ouragans, les typhons, les attentats, les enlèvements, les viols, les meurtres, les abus sexuels, les nettoyages ethniques, les campagnes de haine, etc… Ensuite, il y a les terribles guerres.
L’Église nous propose de méditer sur ces phénomènes de violence et de mort, symboles de la fragilité de notre monde : « des jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre. Tout sera détruit ».
En plus de l’incertitude et de l’insécurité, le temps nous échappe comme le sable dans une main qui se ferme. Nous avons peur du temps qui fuit ! Nous faisons des cures de jeunesse, utilisons la chirurgie plastique, recherchons les crèmes qui enlèvent les rides, les teintures qui cachent les cheveux gris… Rien ne nous fait plus plaisir que d’entendre dire : « Tu n’as vraiment pas l’air d’avoir ton âge ! »
Cependant, le temps est inexorable et nous ne pouvons l’arrêter. Il apporte avec lui toutes sortes d’angoisses. Ce n’est pas facile de vieillir, de faire face à la maladie, de perdre son autonomie, d’être confronté à la mort qui approche. L’extérieur, l’éphémère, disparaît chaque jour. L’intérieur, l’éternel, chaque jour commence.
En lisant l’Évangile d’aujourd’hui, on pourrait croire que Jésus nous laisse une image pessimiste de la réalité. Mais c’est le contraire qu’il nous dit : « N’ayez pas peur… Lorsque vous entendez parler de guerres, de désordres, de violence… ne vous effrayez pas ! » Il nous invite à conserver l’espérance et à persévérer dans ce que nous vivons quotidiennement. « Ne vous laissez pas dominer par l’angoisse et par la terreur. » « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie », nous dit Jésus.
Savoir demeurer fidèle à la parole de Dieu à travers les jours qui passent, porter le poids du temps présent malgré les souffrances et la maladie, continuer à vivre au jour le jour sans perdre la confiance dans le futur de Dieu, voilà le programme que nous propose le Christ.
Si le Seigneur nous parle de la fin du monde aujourd’hui c’est pour nous rassurer et pour replacer le temps qui nous est donné dans sa juste perspective. Ce temps est un cadeau de Dieu que nous devons utiliser le mieux possible.
L’évangile d’aujourd’hui n’est pas un texte sur la fin des temps, mais bien une parole d’espérance qui nous invite à construire un monde de justice, de paix, de fraternité et d’amour maintenant.
S. Pierre disait aux premiers chrétiens : « Soyez toujours prêts à rendre compte, à tous ceux qui vous le demandent, de l’espérance qui est en vous ».
Nous n’allons pas à l’église parce que nous avons peur de ce qui se passe autour de nous, parce que nous sommes découragés, déçus, frustrés, mais parce que nous voulons recevoir la force de travailler à la construction d’un monde nouveau, d’un monde meilleur, d’un monde plus humain.
Aujourd’hui le Seigneur nous recommande de ne pas nous laisser décourager par les prophètes de malheur. Il ne faut pas le chercher dans ce qui dramatise l’histoire. Aucune épreuve ne peut nous séparer de l’amour qui est en lui. Quand tout va mal, il est là, au cœur de nos vies. Il est celui qui vient nous redonner force et courage pour travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. C’est auprès de lui que nous venons puiser pour remplir cette mission.
En ce jour de la journée mondiale des pauvres, osons marcher et vivre tous ensemble au pas des plus pauvres ! « C’est la belle mission qui nous est confiée, une Bonne Nouvelle à recevoir, une joie à accueillir ».
Que par notre prière, nos paroles et notre solidarité, nous soyons de vrais témoins de l’espérance qui nous anime. Amen
