DÉDICACE DE LA BASILIQUE DU LATRAN
La fête de la Dédicace de la basilique Saint-Jean-de-Latran nous invite à prendre conscience que l’Église née de Jésus (dont la basilique Saint-Jean-de-Latran est le symbole et la représentation) est aujourd’hui, au cœur du monde, la « demeure de Dieu », le témoignage vivant de sa présence dans le parcours historique de l’humanité.
Dans la première lecture, le prophète Ézéchiel annonce aux exilés à Babylone que Dieu établira définitivement sa demeure au milieu de son peuple. De la « maison de Dieu » jaillira un fleuve d’eau vive et abondante qui inondera tout le pays d’Israël. Cette eau fertilisera le désert, faisant pousser des arbres de toutes sortes, chargés de fruits comestibles et de feuilles médicinales qui seront un remède contre la mort. Le peuple de Dieu, vivifié par l’eau jaillissant de la demeure de Dieu, connaîtra la vie en abondance, le bonheur éternel.
Dans l’Évangile, Jésus se présente comme le « Nouveau Temple » où Dieu réside et où il rencontre l’humanité pour lui offrir sa Vie et son salut. Quiconque désire trouver Dieu doit s’approcher de Jésus, devenir son disciple, embrasser son plan, suivre ses pas et vivre animé par son Esprit.
Pour les Israélites, le temple de Jérusalem était le centre du culte et de la foi. C’est au temple qu’ils se rendaient pour « contempler la face de Dieu » (Psaume 42,3) et parler avec lui. Le peuple aimait le temple d’un amour profond (« J’étais dans la joie quand on m’a dit : Allons à la maison de l’Éternel ! » – Psaume 122,1). Bien que la catéchèse d’Israël enseigne que la demeure de Dieu est au ciel, le temple est comme une réplique terrestre de son palais céleste. La vie de toute la communauté israélite s’articulait autour du temple.
Cependant, les prophètes d’Israël avaient, à plusieurs reprises, critiqué le culte sacrificiel offert à Dieu au Temple, le considérant comme un ensemble de rites stériles, vides et dénués de sens, car il n’exprimait pas véritablement l’amour à Dieu ; ils avaient même dénoncé le lien entre ce culte et l’injustice et l’exploitation des pauvres. Ces considérations prophétiques ont finalement conforté l’idée que l’avènement des temps messianiques impliquerait la purification et la moralisation du culte rendu à Dieu au Temple.
Le geste relaté dans l’Évangile de ce dimanche doit être compris dans ce contexte. Lorsque Jésus prend le fouet, chasse du Temple les marchands de moutons, de bœufs et de colombes, jette à terre les pièces des banquiers et renverse les tables des changeurs, il se révèle comme le Messie et annonce l’avènement des temps nouveaux, des temps messianiques. Il est, désormais, le nouveau Temple. Jésus est désormais « la maison » où Dieu rencontre les hommes et où Il se manifeste au monde. Jésus est le lieu de rencontre, d’intimité et de communion entre Dieu et les hommes. C’est par Jésus que le Père offre aux hommes son amour, sa vie et son salut. Ce que l’ancienne Loi ne pouvait plus faire – établir une relation et une communion entre Dieu et les hommes –, Jésus le fait désormais.
Frères et sœurs, Jésus a dénoncé, dans les parvis du temple de Jérusalem, une religion stérile et trompeuse, fondée sur un folklore de gestes que Dieu n’appréciait pas et qui, en fin de compte, ne changeait pas le cœur des croyants. Quel est le véritable culte que Dieu attend de nous ? Contrairement à ce que nous pouvons penser, Dieu n’apprécie pas nos rituels liturgiques empreints de pompe et de solennité qui, au final, ne sont que du vent, car ils n’ont aucune incidence sur nos vies et ne transforment en rien notre manière d’être au monde. Le culte que Dieu apprécie est une vie vécue à l’écoute de ses propositions et traduite en gestes concrets de don, d’abandon, de service simple et humble envers nos frères et sœurs. Lorsque nous sommes capables de sortir de notre zone de confort et de notre autosuffisance pour aller à la rencontre des pauvres, des marginalisés, des étrangers, des malades, nous offrons la réponse « liturgique » appropriée à l’amour et à la générosité de Dieu envers nous. Quel culte offrons-nous à Dieu ?
Dans la deuxième lecture, Paul rappelle aux chrétiens de Corinthe (et aux chrétiens de tous les temps et de tous les lieux) qu’ils sont, dans le monde, le Temple de Dieu où demeure l’Esprit. Animés par l’Esprit, les chrétiens sont appelés à vivre selon un dynamisme nouveau, témoignant de la bonté et de la miséricorde de Dieu au milieu de leurs frères et sœurs.
